Le nouvel EP de Burial.
C'est toujours un plaisir de retrouver les nappes vaporeuses de Will Bevan ainsi que ses samples sortis d'un autre monde, sa dernière vraie production seul sous le nom de Burial devant remonter... A Fostercare, titre inédit apparu sur la compilation anniversaire des 5 ans du label d'Hyperdub (probablement son plus beau morceau par ailleurs), en 2009.
C'est donc avec un plaisir priceless que l'on rentre de nouveau dans ses comas sonores, véritables sources de cauchemars pour ceux qui n'ont pas apprivoisé le son Burial, addiction pour les autres dont on attendait - impatiemment - de pouvoir reprendre sa dose depuis déjà cinq longues années. La recette ? On ne la change pas, ou si peu : si sa collaboration avec Four Tet n'avait pas déçu les fans des deux bonhommes, c'est probablement parce que le son Burial coupé avec un doigt de deep house, ça ne faisait que sublimer le voyage amorcé par Untrue, et ça Will l'a bien compris en nous envoyant d'entrée un Street Halo répétitif, fiévreux, avec toujours ses orgies de vocaux R'n'B pitchés qui viennent s'emballer sur un riddim techno sorti des profondeurs sous-marines. Moins dancefloor, NYC pourrait se targuer d'être quant à lui le tout premier morceau réellement R'n'B de Burial si le tout était pas affreusement pitché, d'une partie vocale qui schlingue le collage de samples taillé à la serpe sur fond de beat slow-motion claqué à droite à gauche de nappes ambient crystallisant le côté abyssal du morceau, pour mieux caresser la vibe émo de l'auditeur. Stolen Dog, suite possiblement inavouée du mirifique Dog Shelter, vient conclure l'EP... De façon plutôt émouvante, sans arriver à expliquer réellement pourquoi, ni comment, ni où ses six minutes nous ont emmené.
Il est encore trop tôt pour se prononcer définitivement sur la qualité globale de l'EP, mais si je manque souvent d'objectivité quand je parle de la musique de Burial (l'excitation de ses cinq longues années, pour sûr), j'aurais ici du mal à parler de claque, de même que le souci du détail propre à Untrue avec ses samples foisonnants et parfois mêmes difficilement compréhensibles, semble ici avoir été ici mystérieusement éludé au profit de beats plus simplistes, mais qui ne manquent pour autant pas d'efficacité, de lisibilité, malgré une recette sinon plus technoïde, quasiment inchangée. Une réelle performance à mon goût, à l'instar d'un Boards Of Canada, qui nous prouve bien qu'un artiste n'a pas toujours besoin de passer de la levrette à la sodomie pour rester convaincant, tant que l'on a encore des choses à se dire.
J'espère sincérement que cet EP annonce autre chose. Quelque chose de solide, à la hauteur de ce que l'on attend de Burial depuis cinq longues années, et ça doit être beaucoup de pression pour l'ami Will... Il y aura t'il un après Untrue ? Peut-être pas, mais ses vingt minutes tendent à affirmer que le cas Burial ce n'est pas qu'une affaire de hype miraculeuse pour la scène dubstep, pour Hyperdub, et pour la musique électronique, que l'homme a encore de la ressource, de l'idée, et beaucoup de belles choses à nous transmettre. Vivement un troisième LP, clairement.