Moderat, à Enghien les Bains.
Fête de la musique oblige, les quais d'Enghien les Bains accueillaient samedi dernier le groupe Berlinois pour une soirée en plein air sous le signe de la gratuité. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour me faire prendre ma voiture avec ma compagne pour rencontrer pour la première (mais sûrement pas le dernière) fois le groupe Modeselektor acoquiné cette fois-ci avec Apparat le temps d'un seul et unique album l'an dernier, qui figure au panthéon de mes albums électroniques préférés. Ça tout le monde (ou presque) le savait par ici, mais personne a pu jusqu'alors poser des mots sur une prestation de Moderat. Ce sera chose faite d'ici quelques paragraphes.
Tout d'abord, très difficile de rentrer dans le set car l'équation "concerts gratuits électroniques" comprend deux constantes : jeunesse et substances, et aucune inconnue hormis peut-être notre propre résistance nerveuse à suivre un set quand les gens autour s'attendent à un set électro-rock de la même trempe que Yuksek, qui a précédé ce soir là la prestation de Moderat (choix houleux pour un résultat prévisible). On gardera un souvenir amusé de jeunes qui veulent à tout prix faire des pogos sur de l'ambient, mais un autre souvenir bien plus énervé cette fois quand devant leur déception, les jeunes préfèrent discuter très fort voir se mettre une race quitte à être ridicules devant toute la foule.
Le set en lui même maintenant. C'était vraiment quelque chose, d'autant que le soundsystem était vraiment à la hauteur de mes attentes et a su parfaitement retranscrire les basses évasives de l'album. Tous les plus gros cartons de l'album y passent, que ce soit A New Error qui fait une entrée triomphale en début de set, me retourne le bide de fond en comble par des montées en puissance toujours plus crève cœur, les basses s'évanouissant pour mieux réapparaitre quitte à me coller la gueule sur le sol (j'en ai des frissons rien que d'y repenser, c'est vraiment ultime à vivre), ou le final ravy sur N°22/Headhunter - Prototype (Modeselektor Remix), en passant par les formidables binômes Porc #1/Porc #2 (et c'est sur cette seconde partie que j'ai bouffé mes dents, mon dieu comme c'était beau comme du Sigur Ros, je n'écoute plus le morceau de la même manière maintenant) et Les Grandes Marches/Let Your Love Grow, ça terrasse sévère et on a vraiment l'impression de redécouvrir live ce premier album avec encore plus de profondeur que lorsqu'on la dégusté pour la première fois, une impression également confirmée par des visuels de haute volée adossés au groupe, en synchronisation parfaite avec le son.
Très professionnels, les trois bonhommes n'en font jamais trop sur scène, se montrent même plutôt discrets derrière leurs IMac, leurs claviers, et l'apport vocal et guitaristique d'Apparat apporte une véritable mixité à l'ensemble pendant que Sebastian et Gernot font bugger les mélodies juste ce qu'il faut pour que ça prenne encore plus aux tripes sans altérer leur aspect cristallin.
C'était puissant, donc, même si c'est pas les conditions exactes dans lesquelles j'aurais voulu les voir. Mais je garderais toujours un souvenir ému de A New Error live : c'était une très mauvaise idée que d'ouvrir un live par ce morceau, on en a tellement pris plein la gueule pendant dix minutes qu'après on peine à pouvoir être impressionnés par le reste de la setlist, même si plusieurs fois on l'est quand même. A voir, donc, mais sur les quelques dernières dates de leur tournée qui il me semble s'est arrêtée du côté de la France...