J'avais pas accroché à la cover d'Animal Co, l'album est tout dans les mêmes tons ?
Sinon :
Blur -
Think Tank.
J'ai décidément un retard énorme : ça doit faire presque un an que
Think Tank, qu'on m'a toujours présenté comme le meilleur album du premier groupe de Damon Albarn et Graham Coxon, traîne sur mon étagère à disques (à côté de l'éponyme du groupe par ailleurs). Un encodage rapide après m'être rendu compte qu'il fallait que j'écoute celui ci dans les plus brefs délais et quelques réécoutes m'ont carrément comblé : je ne sais pas si c'est le meilleur de Blur (même si assurément meilleur que
Leisure, omagad, quelle horreur celui-ci) mais on ne peut rester que coi devant l'étendue de bons titres que l'album offre et la diversité apportée à la production, chaque nouveau morceau apportant son lot d'ambiances pour mieux nous perdre dans un album pourtant incroyablement cohérent.
Le premier aspect qui tape fort de l'album, c'est de constater à quel point la production dessert le songwriting de l'album, et ça n'étonne qu'à moitié lorsque l'on voit inscrit le nom de Norman Cook, Mr.
Fatboy Slim, sur une bonne partie de l'album parce que ça en chie de partout dans le casque. Je ne suis même pas sûr, à l'image d'un truc comme le
100th Window de
Massive Attack ou encore le plus récent
Controlling Crowds d'
Archive, d'en faire le tour intégralement un jour tant c'est bourré de finesses sonores et soniques synthétiques comme acoustiques. Pompeux sans être fascinant, le groupe gagne une profondeur sonore inestimée.
Si l'album s'arrêtait toutefois à cet aspect de la production, il ferait déjà un "bon album". mais j'imagine que c'est sans compter le talent indéniable d'Albarn, de Coxon et du reste de la troupe, qui délivrent ici une alchimie parfaite entre quelque chose de profondément accrocheur, populaire, et un aspect expérimental difficilement rock, égaré en particulier dans des claviers clinquants, limites kitchs, et des arrangements surprenants (
Caravan en est le plus parfait exemple, entre les filtres utilisés sur la voix d'Albarn et ses subtils et mélancoliques arrangements quasiment dignes d'une troupe de musette, ou encore les tons Arabisants du sublime
Out Of Time) qui, sans un tel travail de songwriting et d'équilibre entre les arrangements aurait pu bien vite sombrer dans le plus total mauvais goût.
Difficile de ne pas toucher 2-3 mots aussi sur le parallèle entre
Sweet Song et
Good Song : autant le second titre est complètement dispensable et constitue sûrement l'unique morceau complètement en dessous des autres dans la globalité de l'album, autant le premier touche le paroxysme, l'apogée de
Think Tank rien que ça, et ressemble peut être à tout ce que Brian Eno a composé de mieux parmi ses nombreuses incursions dans le genre ambient. Il suffit de poser ses oreilles sur ses quelques notes de piano, ce loop magique qui vient se poser sur cette nappe discrète, aquatique, et de se laisser bercer par le chant mélancolique complètement assassin que crache Damon Albarn. Rien ne dépasse, tout est juste, presque simple, "juste" catchy, et c'est peut-être juste parce que c'est le plus beau morceau de l'album qu'on le retient le mieux, parce qu'il reste finalement à la hauteur de trucs aussi assassins que
Ambulance et sa monstrueuse deuxième partie, la courte tuerie punk
We've Got A file On You, l'excellent couplet de protestation catchy bombardé aux synthés en diable de
Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club, ou encore le piano assombri qui vient achever l'album de
Battery In Your Leg, unique morceau produit par Graham Coxon qui apparaît sur l'album parmi les quatre qu'il avait composé pour l'album, annonçant son départ de Blur, et indirectement, la fin du groupe.
Une fin qui laisse toutefois un goût moins amer que celui de leurs concurrents directs
Oasis au dernier Rock en Seine, indéniablement moins "rock", mais aussi et surtout plus froide et humaine finalement, et pas sûr que leur récente reformation ait arrangé les choses entre Coxon et le reste du groupe, surtout face à l'actuel succès de chacun des projets d'Albarn. Reste que cet ultime album de Blur reste une excellente note sur laquelle finir. La meilleure ? Je ne sais pas, j'aime mieux ne pas user de superlatifs pompeux juste parce que cet album m'a plu, mais
Think Tank est un putain d'album, un truc intemporel et exigeant bourré de finesses sonores très appréciables.
Il est définitivement temps que je connaisse un peu mieux le groupe, mon retard me fait presque honte en fait.
